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Chapitre 4 : Le vin

Après une heure à écouter les points forts des différents types de vins, je ne voulais même plus regarder mon verre de vin rouge à moitié bu, encore moins le finir.

« Alors, parle-moi de ce club où tu veux m'emmener ? » lui demandai-je en prenant une gorgée de mon eau.

Je mourais d'envie de changer de sujet de conversation. Surtout depuis que Jean-Pierre continuait sur sa lancée dès que j'avais mentionné le vin. Il versa plus de vin dans mon verre et me le tendit, ses yeux sombres devenant diaboliquement malicieux.

« Bientôt, ma belle. Je te dirai tout ce que tu veux entendre », répondit-il, sa voix devenant plus basse et plus épaisse.

Quelle que soit la pensée qui traversait son esprit, elle devait avoir intensifié son désir si son nouvel état d'esprit en était une indication. C'était intrigant de voir son attitude changer. Une fois ma curiosité éveillée, il m'était difficile de laisser tomber le mystère.

« Sûrement, tu peux me dire quelque chose », insistai-je, lui offrant mon sourire le plus séducteur.

Jean-Pierre rit. « Pas encore, ma chérie. Bois ton vin ! C'est un millésime des plus excellents d'une année des plus excellentes. »

Je ne pouvais pas dire si le vin était délicieux ou horrible. Même après notre conversation, je ne pouvais toujours pas trouver les notes subtiles du vin ; tout avait le même goût pour moi. Mais pour plaire à mon rendez-vous, je pris quelques gorgées de plus et essayai de ne pas afficher mon dégoût.

Jean-Pierre parcourut la salle du regard comme s'il cherchait quelqu'un en particulier ou peut-être juste pour cataloguer qui était là. De temps en temps, il faisait signe à quelqu'un qu'il connaissait et semblait espérer qu'ils viendraient nous parler. Il semblait reconnaître beaucoup de gens dans le restaurant.

Lors de notre première rencontre, il avait brièvement parlé d'une entreprise qui l'intéressait et de tous les contacts qu'il avait pour l'aider à la réaliser.

Apparemment, Jean-Pierre DuPont venait d'une vieille famille fortunée. Une richesse transmise à travers d'innombrables générations. Bien qu'il ait mentionné le nom DuPont, je devais admettre que je ne l'avais jamais entendu. Jean-Pierre avait été particulièrement choqué de m'entendre dire cela.

Je pris une autre gorgée lente de mon vin puis abandonnai finalement. Je le poussai de côté et attrapai le gobelet d'eau.

« Jean-Pierre », l'appelai-je de nouveau pour attirer son attention.

Son regard revint vers le mien, et je ne pus m'empêcher de remarquer l'expression d'irritation qui semblait disparaître lorsque je fronçai les sourcils.

« Oui, ma belle ? » répondit-il, le charme de retour dans sa voix.

« S'il te plaît, veux-tu bien me dire où tu souhaites m'emmener ensuite ? » suppliai-je une fois de plus.

Jean-Pierre me fixa pendant plusieurs longs moments jusqu'à ce que je commence à me tortiller maladroitement sur ma chaise. Puis il soupira et posa son verre.

« Cela s'appelle : Manilles et Fouets », répondit-il finalement.

Le nom me semblait vaguement familier, mais je ne savais pas où je l'avais entendu auparavant.

« Je ne pense pas le connaître », admis-je pensivement.

« C'est un club spécial... très exclusif », se vanta Jean-Pierre.

« Si c'est si exclusif, pourquoi es-tu si certain qu'ils me laisseront entrer ? » fis-je remarquer.

Ses lèvres se courbèrent en un sourire arrogant. « Parce que tu seras avec moi, bien sûr. »

Je me demandais si c'était un autre exemple de sa richesse et de son influence. Je ne pouvais m'empêcher de me demander pourquoi il ressentait le besoin de me montrer ces choses. Je voulais lui rappeler avec qui ma mère s'était mariée, mais cela aurait été jouer son jeu. Au lieu de cela, je changeai ma ligne de questionnement.

« Alors, qu'est-ce qui le rend si spécial et exclusif ? »

Il parut pensif à nouveau. « Hmmm, je me demande si je devrais te prévenir ou te laisser découvrir par toi-même. »

Je détournai le regard de lui, essayant de ne pas lui montrer ma frustration encore une fois. Il n'y avait aucune raison de me faire attendre et voir à moins que ce ne soit choquant. Aimait-il faire cela exprès ? Aimait-il me voir légèrement embarrassée et mal à l'aise ? J'étais sur le point de lui dire qu'il n'y avait pas de moyen plus rapide de m'énerver que de jouer avec ma tête. Mais je gardai mon calme... de justesse.

Permettant à mes lèvres de se plisser en un sourire crispé, je le fixai du regard. "Je préférerais ne plus avoir de surprises, si ça ne te dérange pas."

Jean-Pierre renversa la tête en arrière et éclata d'un rire fort et résonnant. Le bruit surprit certains des autres clients ainsi que moi-même. Maladroitement, nous devînmes le centre de l'attention pendant un moment. Je sentis une vive rougeur envahir mes joues et baissai les yeux vers mes mains pour essayer de rester calme.

Il parla rapidement en français, mais c'était bien trop rapide pour que je puisse essayer de traduire.

"Pardon, quoi ?" demandai-je en serrant légèrement les dents.

"Tu es si impatiente d'être avec moi, ma belle. Je suppose que je ne devrais plus te laisser dans l'incertitude. Continuons," dit-il, se levant soudainement et tendant la main.

"Mais tu n'as pas répondu à mes questions, Jean-Pierre," fis-je remarquer.

"Viens avec moi, Molly," exigea-t-il.

J'allais presque dire "Non" sur un ton ferme, mais je pressai mes lèvres ensemble et pris sa main. Je craignais qu'il n'essaie de m'embrasser à nouveau et me préparai à un pas rapide pour m'écarter.

Au lieu de cela, il me tira rapidement à travers la salle vers l'entrée. En passant, il dit quelque chose au maître d'hôtel, et l'homme émit un autre rire appréciatif.

Cette fois, je parvins à comprendre ce que Jean-Pierre débitait en français, et cela ne me plut pas du tout.

Jean-Pierre dit au maître d'hôtel que j'étais impatiente d'aller me coucher. Il n'y avait aucun doute sur la raison pour laquelle nous quittions le restaurant si précipitamment. Dès que nous sortîmes, je me détachai brusquement de lui.

"Jean-Pierre, j'apprécie le dîner, et la dernière semaine de discussions a été presque comme un rêve. Mais je ne vais pas simplement sauter dans ton lit. Alors, si c'est ce qui se passe, je vais rentrer chez moi," lui dis-je sans détour.

Je pensais l'insulter, et qu'il finirait par s'éloigner. Mais il rit doucement et posa sa main sur ma joue.

"Douce Molly, chut. Je ne serais jamais si peu galant," insista-t-il.

"Alors explique pourquoi nous avons quitté ce restaurant avec tout le monde pensant que je te traîne dans mon lit ?" exigeai-je, essayant de ne pas me laisser séduire par ses mots doux.

Jean-Pierre haussa les épaules comme si ce n'était rien. "Quel homme ne souhaiterait pas que le monde pense qu'une belle jeune femme, comme toi, est impatiente de...?"

Il dit un mot en français que je n'avais jamais entendu auparavant, mais son geste vers le bas de son corps traduisit pour moi.

Je roulai des yeux et secouai la tête. "Eh bien, cela n'arrivera pas ce soir."

"C'est bien, alors. Cela ne nous laisserait pas beaucoup de temps pour Manilles et Fouets," répondit-il d'un ton jovial.

Il sortit dans la rue et héla un taxi. Il ouvrit la porte pour moi et me fit signe d'entrer.

Je regardai à l'intérieur avec suspicion, comme si je pensais que la personne au volant allait crier - "On l'a ! Allons-y !" - Mais rien ne se produisit.

"Qu'est-ce que c'est que ce club ?" demandai-je une dernière fois.

Jean-Pierre poussa un grognement mais céda enfin. "Tu aimes les hommes qui sont très... comment as-tu dit ? Confiants et sûrs de ce qu'ils veulent ? Oui ?"

"Ouiii," répondis-je prudemment.

"Eh bien, je suis les deux, et je suis sûr que je te veux dans ce club avec moi ce soir pour avoir une chance de te montrer exactement à quel point je peux être... entreprenant. Alors sois une gentille fille, arrête ces questions, et monte dans le taxi."

Il y avait une note dans sa voix que je n'avais entendue que d'une seule autre personne. Scott... quand il me disait ce qu'il voulait que je fasse et comment je devais le faire. Cela m'avait toujours procuré un frisson étrange, et secrètement, j'adorais ça.

C'était l'homme dont je me souvenais quand j'avais rencontré Jean-Pierre. Fort, confiant, entreprenant, et ne me laissant pas une once de liberté.

Sans un mot de plus, je montai dans le taxi.

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