




Chapitre 13 : Surnoms
Le point de vue de Scott
Je pouvais voir l'hésitation sur le visage de Molly, comme si elle était vraiment inquiète de ce qui allait se passer si Jean-Pierre et moi nous retrouvions face à face une fois de plus. Je ne pouvais pas vraiment lui en vouloir, une fureur brûlante bouillonnait en moi contre cet homme, et tout cela était dû à la jalousie.
Étais-je jaloux ? Absolument, et je n'étais pas assez dans le déni pour refuser de l'admettre. J'étais follement jaloux qu'il puisse toucher quelque chose que je SAVAIS que je ne devrais pas vouloir.
Mais je le voulais vraiment, putain.
Cependant, ce n'était pas la seule raison pour laquelle j'étais en colère contre lui. Comment osait-il amener Molly dans ce club sans avoir une conversation avec elle sur ce à quoi s'attendre ? Sans savoir exactement ce qu'elle voulait et ne voulait pas qui se passe quand elle était là ? Comment diable comptait-il la garder en sécurité ?
Ce joli garçon n'avait pas fait le minimum de préparation pour sa soumise, et cela ne prouvait qu'une chose à mes yeux ; Jean-Pierre se fichait éperdument de ce qui pouvait lui arriver tant qu'elle était là pour le faire bien paraître.
Heureusement, c'était une chose que je pouvais régler immédiatement.
"Allons-y," dis-je à Molly en lui indiquant le chemin.
Molly poussa un grand soupir et hocha la tête, puis commença à mener la marche à l'intérieur du bâtiment. Quelques fois, j'ai dû lui indiquer la bonne direction. Mais pour la plupart, Molly se souvenait comment retourner au club.
Juste de l'autre côté de la porte se trouvait Esme, évidemment en train de nous surveiller. Je lui adressai un petit sourire reconnaissant, me demandant en silence si Laurent lui avait demandé de garder un œil sur nous ou si c'était entièrement son idée. Peut-être que c'était les deux, c'était l'explication la plus probable.
"Tout va bien, bo-bo ?" demanda doucement Esme.
Je grimaçai légèrement alors que Molly levait un sourcil en me regardant. Eric m'avait toujours appelé bo-bo depuis que j'avais franchi la porte de son club lors de mon premier jour à l'étranger. Hautain, plein de moi-même, et pensant que j'étais un dur à cuire. Lui et les autres Doms que j'avais rencontrés m'avaient rapidement rappelé que j'étais extrêmement novice et que je devais ravaler mon ego. Ce n'est qu'après qu'ils m'avaient fait sentir comme un adolescent pris en flagrant délit par son père avec un magazine coquin entre les mains.
Mais même s'ils m'avaient dépouillé de ma fierté, ils m'avaient pris sous leur aile et m'avaient aidé à devenir le Dom que j'étais aujourd'hui. J'étais passé de vantard et arrogant à une confiance tranquille que beaucoup prenaient à tort pour de la faiblesse, mais que de nombreuses soumises avaient découvert à leurs dépens que ce n'était pas le cas.
Esme et plusieurs autres soumises avaient pris l'habitude de m'appeler ainsi également. Cela ne m'avait jamais vraiment dérangé jusqu'à ce moment-là. J'essayais de faire en sorte que Molly me montre un peu de respect. C'était légèrement embarrassant de la voir assister à l'informalité dans laquelle Esme était tombée au cours des dernières années où je la connaissais.
"Oui, tout va bien, Esme. Je dois juste parler avec Jean-Pierre avant qu'il ne continue à jouer ici avec Molly," l'informai-je. "Si tu pouvais aller chercher Maître Laurent, s'il te plaît, et lui demander de nous rejoindre. Je pense qu'il serait préférable qu'il soit là aussi."
"Oui, Maître Scott," répondit-elle et se hâta de faire ce que je lui avais demandé.
"Bo-bo ?" demanda Molly dès que nous fûmes seuls.
Je soupirai lourdement. "C'était un surnom que Eric, le propriétaire du club, m'a donné quand nous nous sommes rencontrés. Je ne sais pas pourquoi il me l'a donné. Je sais juste que ça avait quelque chose à voir avec quelques choses que les soumises disaient quand j'ai commencé à venir au club."
"Qu'est-ce qu'elles disaient ?" demanda Molly.
Ses lèvres étaient courbées en un sourire qui semblait pouvoir se transformer en un rire éclatant.
"Quelque chose comme : C’est un très beau garçon. Je ne me souviens pas vraiment, mais c’était dans ce genre-là. Quoi qu’il en soit, c’est passé de beau à beau-beau."
Molly couvrit sa bouche, essayant de retenir ses rires. "Oh ! Ils t’appellent BEAU-BEAU, pas comme Bo-Bo, le clown."
"Oui." Je ris. "C’est Beau-Beau, pas Bo-Bo."
"Donc, ils t’appellent en gros ‘beau-beau’? Je comprends pourquoi ils feraient ça," répondit Molly, toujours en riant.
Je lui lançai un sourire malicieux, me demandant si elle réalisait qu’elle avait laissé échapper qu’elle me trouvait beau. Une vague de fierté m’envahit en pensant qu’elle était attirée par moi. Je ne pouvais m’empêcher de savourer ce sentiment plus que n’importe quel autre compliment que j’avais reçu. Je n’avais jamais vraiment accordé beaucoup d’importance à mon apparence. Mais savoir que Molly l’appréciait me plaisait.
Un rougissement teint soudainement les joues de Molly lorsqu’elle réalisa ce qu’elle m’avait dit. Je fis un pas en avant, mon esprit concentré sur l’envie d’être à nouveau proche d’elle.
"Scott !" Une voix m’appela, rompant le charme.
Je levai les yeux pour voir Laurent me faisant signe, ayant manifestement reçu le message d’Esme.
Je lui fis rapidement un signe de la main en retour. "On dirait que Laurent est prêt."
Molly mordilla sa lèvre inférieure. "Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée, Maître Scott."
Je dus détourner le regard d’elle un moment en entendant son utilisation de mon titre. J’adorais l’entendre sortir de ses lèvres, bien plus que les autres fois où je l’avais entendu. Mais je ne voulais pas qu’elle voie à quel point cela me plaisait.
"Je comprends ton hésitation. Mais l’un de mes rôles ici est de veiller à la sécurité des gens. Je ne pourrais pas le faire si je ne parlais pas à quelqu’un qui ne respecte pas les règles de base," lui dis-je. "La première règle est de faire comprendre à quiconque tu amènes ici ce qu’ils font ici. La deuxième est de s’assurer qu’un Dom ou une Domme connaît les limites de son sub... ainsi que son safeword. As-tu un safeword ?"
Molly semblait hésitante à nouveau. Un autre signe horrible et un autre poids sur le feu dans mon ventre.
Mais je le chassai. Parfois, les nouveaux subs avaient du mal à choisir un safeword. Bien que leurs Doms/Dommes soient censés les aider avec cela, ce n’était pas vraiment si rare. C’est pourquoi tout le monde était informé du safeword "Rouge". C’était aussi proche d’un safeword universel que possible. De cette façon, tout le monde avait un safeword qui permettait à quiconque de venir à leur secours en cas de besoin.
"Si tu en as besoin, le safeword du club est—"
"Rouge ou red, je sais," interrompit Molly. "Laurent—"
"Maître Laurent," la corrigeai-je.
Molly semblait vouloir répliquer, mais elle ravala son envie. Je n’ai jamais été plus fier d’elle.
"Maître Laurent m’en a parlé," termina-t-elle.
"Bien. Utilise-le. Crie-le aussi fort que tu peux si tu te sens même un peu mal à l’aise. Promets-le-moi ?" lui demandai-je.
Molly hocha la tête. "Je le promets."
La tension dans ma poitrine se relâcha légèrement à sa promesse. "D’accord," répondis-je. "Finissons-en."
Je posai ma main sur son bas du dos et la guidai vers l’endroit où Laurent attendait. "Esme m’a dit que tu souhaitais une conversation avec un certain Maître avec lequel tu as un petit problème."
"Oui. Après avoir parlé à Molly, je suis certain que Jean-Pierre ne fait pas son travail avec elle. C’est notre devoir de le lui rappeler," informai-je Laurent.
Laurent semblait avoir plus à dire, mais il laissa tomber et hocha la tête.
"Très bien," répondit Laurent en nous faisant signe d’avancer.