




006
Céline se réveilla lentement, et la première chose qu'elle remarqua fut le bruit assourdissant. Elle essaya d'ouvrir les yeux, mais il faisait noir. Sa tête tournait et elle se sentait nauséeuse, comme si elle avait bu, mais ce n'était pas le cas...
Les souvenirs affluèrent dans sa tête comme une cascade : sa décision frénétique de quitter Moonstone après avoir découvert l'infidélité éhontée de Noah, s'installer dans un hôtel, et boire la boisson de bienvenue offerte... La boisson avait-elle été droguée ? Où était-elle ? Que se passait-il ?
Le bruit à l'extérieur était trop fort pour qu'elle puisse en comprendre le sens, et comme elle ne pouvait pas voir, elle essaya de bouger pour comprendre ce qui se passait. Elle était consciente depuis quelques minutes maintenant, mais elle était toujours aussi confuse que la première fois qu'elle s'était réveillée.
Céline essaya de bouger ses bras, mais ils étaient maintenus au-dessus de sa tête, et le cliquetis caractéristique des lourdes chaînes lui fit comprendre pourquoi. Elle sentit son sang se glacer, pourquoi était-elle enchaînée debout ? La fraîcheur du sol sous ses pieds nus lui indiquait qu'elle se tenait soit sur une plateforme métallique, soit dans une boîte en métal, ce qui pourrait expliquer l'obscurité étrange.
Ses yeux s'écarquillèrent de consternation lorsqu'elle sentit les chaînes osciller, la plateforme sous ses pieds bouger. Au bas de la cage dans laquelle elle se trouvait, une lumière vacillante se glissa, lui indiquant qu'un tissu avait été jeté par-dessus la cage, la gardant dans l'obscurité.
Cela s'arrêta brusquement, la faisant presque perdre l'équilibre. Céline serra les poings, retenus par des menottes en métal épais, ressentant l'irritation à ses poignets alors que plus de sensations revenaient dans son corps.
"... belle, délicate, et utile de bien des manières..."
Céline réussit enfin à distinguer quelques mots, tournant la tête dans la direction de la voix qui semblait être juste à côté d'elle, sa confusion grandissant.
"... avec une mise à prix de dix mille !" La voix criait avec enthousiasme, le bruit résonnant d'un marteau frappant le bois assourdissant.
Céline fut soudainement aveuglée lorsque le drap jeté sur la cage fut retiré, plissant les yeux et grimaçant du changement brusque de passer de l'obscurité à une lumière puissante de scène.
Elle baissa la tête et ferma les yeux fermement, essayant de se convaincre qu'elle comprenait mal ce qui se passait. Elle fut arrêtée par une canne en bois sous son menton qui lui releva la tête, la canne étant utilisée pour incliner sa tête d'un côté à l'autre comme pour la montrer.
"Dix mille ? Quelqu'un pour dix mille ?"
Céline garda les yeux fermés, faisant face à la terrible réalisation qu'elle était mise aux enchères. Comment en était-elle arrivée là ? Pourquoi quelqu'un voudrait-il la vendre ?
Quand il y eut un bref moment de silence après les paroles du commissaire-priseur, elle laissa échapper un léger soupir, bien sûr, personne ne l'achèterait. Elle avait littéralement été acclamée lorsqu'elle avait quitté sa meute, personne ne la voulait. Céline se rassura avec cela, personne ne l'achèterait et ils seraient forcés de la laisser partir lorsqu'ils réaliseraient qu'elle ne valait rien...
« Quinze ! »
« Seize ! »
« Dix-neuf ! »
Les voix provenant de différentes parties de la salle commencèrent à s'animer avec les enchères, leurs cartes se levant les unes après les autres.
« Cent mille », dit une voix décontractée, il ne prit même pas la peine d'élever la voix comme les autres mais cela fit taire tout le monde.
Les yeux de Céline s'ouvrirent pour la première fois, la panique dans ses yeux bleus cristallins alors qu'elle regardait la foule. Elle ne pouvait pas voir la personne qui avait placé une enchère si élevée sur elle parce que la salle était assombrie, et elle était sous un puissant projecteur sur la scène. Tout ce qu'elle pouvait voir, c'était des invités assis autour des tables mais elle ne pouvait distinguer personne. Céline ne savait pas si c'était une bonne chose ou non.
Le commissaire-priseur fut le premier à sortir de l'envoûtement que l'enchérisseur avait jeté sur tout le monde, en se raclant la gorge. « D-D'accord, à cent mille - »
« Cinq cent mille », une autre voix puissante se fit entendre et Céline sentit ses genoux fléchir.
Qu'est-ce qui se passait ? Ce n'était pas normal... Personne ne devrait vouloir d'elle, alors pourquoi...
Le commissaire-priseur ne fit pas de pause cette fois, l'excitation dans sa voix était palpable alors que l'enchère ne cessait de monter de plus en plus haut.
Céline pouvait distinguer trois personnes principales qui faisaient les enchères, laissant les autres loin derrière. Elle pouvait plus ou moins les différencier par leurs voix et elle souhaitait vraiment pouvoir associer un visage à leurs voix, elle voulait voir le genre de personnes qui pensaient qu'il était sage de dépenser autant d'argent pour quelqu'un comme elle.
Les enchères atteignirent un point culminant, et le commissaire-priseur avait du mal à suivre. « Sept millions ? Ça part pour sept millions ? »
La voix que Céline reconnaissait comme étant la première à avoir fait monter les enchères prit la parole, « Vingt-cinq millions. » Comme à chaque fois, sa voix restait décontractée bien qu'il mentionnait des sommes d'argent que Céline n'avait jamais vues auparavant.
« Vingt-cinq millions ! » Le commissaire-priseur répéta avec insistance sur chaque syllabe, semblant plus choqué que la foule haletante et une Céline stupéfaite. « Ça part pour vingt-cinq millions ? Adjugé ! Adjugé ! Vendu ! »
Le bruit du marteau frappant le podium alors que le commissaire-priseur annonçait qu'elle était vendue, signalait une autre période de ténèbres alors que le drap était jeté sur la cage et qu'elle était traînée hors de la scène.
Le cœur de Céline battait la chamade, la réalisation qu'elle venait d'être vendue comme une simple marchandise s'enfonçant en elle. Une marchandise très chère mais une marchandise tout de même. Est-ce même légal ? Peut-elle être vendue comme ça ?
Les draps furent retirés à nouveau mais cette fois, il y avait quelqu'un devant la cage en train de tripoter les serrures. C'était un Bêta balafré qu'elle n'avait jamais vu auparavant, il l'étudiait attentivement en déverrouillant la cage, de l'intérêt dans ses yeux marron boueux.