




Chapitre 7
Je me réveille en sursaut, me redressant d'un coup.
Je gratte mon foulard, regardant l'espace vide Ă cĂ´tĂ© de moi. Je souris, me penchant en avant, rampant jusqu'au bord du lit. Je jette un coup d'Å“il au pied du lit. Les premiers rayons de l'aube inondent ma chambre, baignant un Calum Ă moitiĂ© nu dans une lumière rosĂ©e. Son bras est passĂ© sur ses yeux. Il a le corps d'un nageur olympique, long et musclĂ© avec des abdominaux en tablette de chocolat.
"Tu peux faire plus que simplement regarder, tu sais."
"Tu sais, je ne m'attendais pas vraiment Ă ce que tu dormes par terre ?"
Il se redresse et s'assoit sur ses genoux, me faisant face pour que nous soyons nez Ă nez.
"Je ne voulais pas me mettre dans une situation de tentation."
Son visage est à quelques centimètres du mien. Son nez effleure le mien, me tirant un rire.
La porte de ma chambre s'ouvre brusquement. Ma mère entre, se grattant la tĂªte.
"Hadie chérie—"
Elle s'arrĂªte net, tenant la poignĂ©e de la porte. "Et c'est quoi ce bordel ?"
Calum Ă©touffe un rire. Je pousse lĂ©gèrement sa tĂªte.
"Rien, Calum a juste dormi par terre cette nuit," j'insiste en désignant l'oreiller et la couverture sur le sol avec lui. "Il était tard. Alors je l'ai laissé dormir ici."
Je m'éloigne, me levant pour faire mon lit.
Ses yeux se plissent, sa main plate battant toujours son bonnet. "Ah bon... donc vous n'avez pas... fait quoi que ce soit ?"
Oh la vache.
Calum éclate de rire. "Non, madame... sinon votre fille ne pourrait pas marcher."
Je lui lance mon oreiller, qu'il attrape avec un sourire espiègle.
Ma mère le pointe d'un doigt menaçant avant de sortir, refermant la porte derrière elle.
Calum me regarde avec un sourire innocent. "Quoi ?"
"Maintenant je dois m'inquiéter que ma mère ne me tue avant que Gaza en ait l'occasion."
Mon téléphone hurle. Je sursaute. L'attrapant sur la table de chevet, je fronce les sourcils devant l'absence d'identifiant de l'appelant.
Hésitante, je réponds, "Oui ?"
"¿EstĂ¡s loco? ¡SĂ© que fuiste responsable del golpe en el yate de Gaza!"
Je mets le haut-parleur pour que Calum puisse entendre. "Ça te dérange de le dire en anglais ?"
"Gaza vient de mettre une prime de 500 000 sur la tĂªte de la fille noire qui a attaquĂ© son yacht la nuit dernière. Tous ses hommes. Tout le monde qui travaille pour lui sait qu'il faut te surveiller. Les enregistrements de sĂ©curitĂ© ont Ă©tĂ© effacĂ©s mais l'un d'eux peut t'identifier parce qu'il a vu ton visage quand vous vous Ăªtes disputĂ©s."
Calum se lève d'un bond.
"Quand je t'ai donné les infos sur la rencontre. Je ne savais pas que ton plan était de voler Gaza, sinon je ne t'aurais rien dit."
Ma main froide refroidit mon front brûlant. "Écoute, rien de tout ça ne va te retomber dessus. Je te le promets."
"Occupe-toi de toi-mĂªme, señorita. Gaza vient pour toi."
Il raccroche.
"AllĂ´ ?"
Je regarde l'écran. Un appel manqué de la nuit dernière et une notification de mail d'une entreprise. Je la fais glisser.
Calum commence Ă rassembler ses vĂªtements. "On doit filer."
Quand Calum et moi arrivons au bureau, je suis stupĂ©faite de dĂ©couvrir que James m'a dĂ©jĂ convoquĂ©e. Mais Calum et moi entrons ensemble. Dès que nous sommes Ă l'intĂ©rieur, nous ne lui laissons mĂªme pas le temps de respirer avant de lui dĂ©baller la vĂ©ritĂ©. Nous lui racontons ce que ma source confidentielle a dit. Et tout ce qui s'est passĂ© après.
"Vous me dites que vous avez perdu le drone qui avait des preuves vidéo du PDG de Zenith en réunion avec des criminels de haut rang ?"
Calum le transperce du regard. "Je n'ai rien perdu. Ils l'ont abattu avec un fusil de sniper. Les drones fonctionnant sur communication RF peuvent Ăªtre traquĂ©s avec des capteurs RF. Le mien ne le fait pas. Donc au moins de ce cĂ´tĂ©-lĂ , je ne pense pas qu'ils puissent le relier Ă moi."
"Vous voulez dire à nous ?" corrige James fermement. "Ce drone caméra appartenait à Trans-Media. Tout comme la camionnette que vous avez utilisée pour jouer les justiciers. Vous avez une idée de combien c'était imprudent et stupide ? Mettre cet établissement en danger et risquer vos vies comme ça."
Calum détourne le regard. Mes yeux cherchent le sol.
"C'est ce genre de prise de risque insensée qui sépare les grands comme vous des médiocres, les bons à rien comme tout le monde dehors de ce bureau."
Calum et moi échangeons des regards perplexes.
"Bien que ce soit stupide, c'Ă©tait courageux." Il se penche en arrière sur sa chaise. "C'est ce genre de dĂ©vouement qui t'a amenĂ©e lĂ oĂ¹ tu es maintenant, Hadassah. Mais aujourd'hui... tu as franchi une ligne. En mettant non seulement toi-mĂªme mais aussi tes proches en danger Ă cause de ce que tu as fait. Les cartels ne s'en prennent pas seulement Ă toi. Ils s'en prennent Ă toute ta famille."
Mon intérieur se transforme en pierre, m'ancrant au sol.
« Ce qui m'amène à la raison pour laquelle je t'ai convoqué ici », commence-t-il gravement. « Une entreprise du secteur privé a pris contact, voulant t'engager pour plusieurs de leurs projets. Ils ont besoin de ton aide. »
Je ricane. « Traduction : ils veulent juste que je déterre des saletés sur leurs concurrents. »
« Je m'en fiche si c'est pour rĂ©curer leurs toilettes, je te prĂªte. Le poste est Ă l'Ă©tranger et tu seras bien rĂ©munĂ©rĂ©. Et pour la sĂ©curitĂ© de tout le monde autour de toi, tu vas accepter. »
« Pour combien de temps ? » demande Calum.
« Quelques mois. » Il hausse les Ă©paules. « Peut-Ăªtre plus, ont-ils prĂ©cisĂ©. En attendant, je vais engager des agents de sĂ©curitĂ© privĂ©s pour protĂ©ger ta mère. Elle ne saura mĂªme pas qu'elle est surveillĂ©e. Ils t'ont dĂ©jĂ envoyĂ© par email leur programme, tout ce que tu dois savoir. »
« Je devrais l'accompagner », suggère Calum. « On forme un duo inséparable. »
« Ils n'ont pas demandé pour toi », tranche James.
Je hausse une Ă©paule. « Je suis capable de faire ce que je fais uniquement grĂ¢ce Ă Calum. »
« Ce n'est pas lui qui a un contrat sur sa tĂªte », rĂ©torque James. Il expire, libĂ©rant sa frustration. « De plus, j'ai besoin de son expertise ici. C'est notre meilleur technicien. Je suis dĂ©solĂ© les enfants, mais c'est la partie que tu vas devoir faire seule. »
Mes épaules s'affaissent sous le poids. « Quand est-ce que je commence ? »
« Demain. »
MĂªme un latte Ă la citrouille Ă©picĂ©e ne peut pas me remonter le moral.
Je le pose. Calum et moi sommes assis à la table à manger, étudiant le livre énigmatique. Calum a émis des théories valides sur le fait qu'il s'agisse d'un chiffre de livre. Convaincant, car de nombreuses parties du livre ont une éclaboussure aléatoire de mots. Ce qui est le but. Traditionnellement, les chiffres de livre fonctionnent en utilisant un livre pré-sélectionné comme clé. Chaque mot dans le message codé est remplacé par un ensemble de chiffres correspondant à l'emplacement des mots dans le livre. Ces chiffres représentent généralement la page, la ligne et le numéro du mot, créant un message apparemment normal qui dissimule le contenu caché. Cette méthode de cryptage garantit que sans le livre spécifique, décoder le message est presque impossible, car il repose sur le positionnement exact des mots dans le texte.
Ma mère est dans la cuisine en train de prĂ©parer son lĂ©gendaire lasagne pour un dĂ®ner de cĂ©lĂ©bration douce-amère. Elle est plus excitĂ©e que triste parce qu'elle meurt d'envie que je parte et prenne une pause. MĂªme si ce n'est qu'une pause d'une affaire particulière.
Je devrais faire mes valises, mais je vais remettre ça à plus tard, puis inévitablement oublier ou simplement procrastiner encore plus et finir par avoir une crise de panique majeure le matin.
« Tu as été anormalement silencieux. »
Calum se redresse sur son siège. Il sourit, mais ses yeux n'ont plus cette lumière. La chaleur joyeuse est Ă©clipsĂ©e par la tristesse qu'il ne peut mĂªme pas cacher. Pas de moi.
« Tu te rends compte que depuis qu'on s'est rencontrĂ©s en maternelle... on n'a jamais Ă©tĂ© sĂ©parĂ©s ? MĂªme Ă©cole primaire. MĂªme lycĂ©e. J'ai Ă©tudiĂ© l'informatique puis l'ingĂ©nierie logicielle. Maintenant on travaille ensemble. Toujours ensemble... toujours ensemble. »
Les larmes brûlent derrière mes yeux et je les refoule, souriant tristement.
« Tu sais... mon père. » Un regard nostalgique entre dans ses yeux. Il laisse échapper un petit rire nostalgique. « Il a fait une blague idiote à propos de mes ex en disant que je suis un imbécile de chercher quelque chose que j'ai déjà . » Il me regarde dans les yeux. « Quelqu'un... incomparable. »
Les larmes coulent.
Je cache mon visage avec les manches amples de mon pull oversize.
« Oh, ne fais pas ça. »
Je l'entends se lever. Le bois grince contre le bois. BientĂ´t, je sens ses bras rĂ©confortants s'enrouler autour de mon cou par derrière, reposant sa tĂªte sur la mienne. Et maintenant je sais, quoi qu'il arrive. Ça ira. Ça doit aller.
« Tu vas me faire pleurer et je ne veux pas gĂ¢cher mon mascara. »
Je ris en reniflant, essuyant mes yeux.
« Tout ira bien, princesse. Je te protège. Toujours. Aucune distance ne peut changer ça. »
« Ce n'est pas la distance qui m'inquiète. »
Nous restons ainsi un moment. Jusqu'à ce qu'il me laisse enfin pour reprendre son siège et que je termine le reste du latte. Ensuite, je me dirige vers la cuisine pour jeter le gobelet. La cuisine est imprégnée d'une odeur délicieuse et alléchante. Maman m'offre un sourire innocent, retournant à sa casserole.
Il est impossible que je puisse emmener ce livre avec moi. Et je ne peux pas le laisser à Calum—je ne risquerai pas sa vie comme ça.
Je me penche pour jeter le gobelet Ă la poubelle. Quelque chose attire mon attention. Je m'arrĂªte en le voyant. Regardant par la fenĂªtre et dans le grand jardin avec un grill que nous n'utilisons jamais sur le patio. Les parterres de fleurs de maman bordent la pelouse, pittoresques et charmants. Et le dernier endroit oĂ¹ quiconque penserait trouver le livre de trahison de Gaza.