




Chapitre 4
Penché sur la table à dîner avec une pile de nouvelles informations concernant la mort de Lionel, et l'expansion récente des affaires de Gaza d'un coin du monde à l'autre.
Ce n'est pas seulement une façade puisqu'il possède effectivement des entreprises légitimes. Mais tout cela sert à couvrir les activités illégales ou à blanchir de l'argent sale. Cet homme est plus glissant qu'une anguille, aucune accusation ne tient. Un peu comme une autre entité...
Calum entre dans la pièce et se place derrière moi. Il dépose un baiser sur ma tempe et parcourt mon travail par-dessus mon épaule. Une main sur la table, l'autre posée sur le dossier de ma chaise.
"Tu vas vraiment les poursuivre..."
"Et cette fois avec permission." Je ricane. "Pas que j'en ai jamais eu besoin."
"Oh, et comment s'est passé ton rendez-vous avec Monsieur le grand PDG ?"
En fouillant dans les piles, je réponds, "Ça s'est passé." Une amertume dans ma voix. "Je n'ai jamais rencontré Orian. Pas encore. J'ai interviewé son frère à la place."
"Torin, le directeur des opérations ?"
Je hoche la tĂªte. Je sors un document particulier. "Oui, super charmant, mĂªme en profĂ©rant des menaces."
Calum se précipite à mes côtés, me dévisageant. "Il a fait quoi ?"
Je laisse Ă©chapper un long soupir. "Il m'a averti de ne pas Ăªtre un problème. En faisant vaguement rĂ©fĂ©rence Ă la façon dont il a fait disparaĂ®tre d'anciens problèmes."
Son visage se tord en une grimace. "Ce fils de pute."
Je balaie sa colère d'un geste de la main. "Oh, dĂ©tends-toi. Combien de menaces de mort ai-je reçues ?" Je secoue la tĂªte, me concentrant sur le document. "Il y a dĂ©jĂ trop de pression sur eux. Ils n'oseraient pas me toucher, ma mort ou ma disparition soulèveraient trop de questions."
Calum arrache le document de ma main. Je tente de l'attraper, mais il le lève bien au-dessus de ma tĂªte.
"C'est Zenith, pas un petit gang de pacotille. Si quelqu'un pouvait neutraliser une menace discrètement, ce serait eux. Ce sont des gangsters en costume."
Je tends la main vers le papier. "Alors aide-moi Ă les enterrer."
"C'est impossible."
Je hausse un sourcil. "Seulement si tu le crois."
"Quelque chose ?"
"Rien." Calum s'affale sur la chaise, fixant son ordinateur portable. "J'ai croisé toutes les données cumulées que j'ai, essayant de trouver le lien avec Gaza. Et toi ?"
"Je suis à court d'idées." Je pose mon téléphone face contre table. "Personne ne veut parler."
"Ce serait signer leur propre arrĂªt de mort."
Je laisse échapper un souffle retenu. "Si seulement nous pouvions mettre la main sur son téléphone pour voir avec qui Lionel parlait dans les dernières vingt-quatre heures, le pinger, et trianguler cela à partir des tours cellulaires à proximité pour localiser son emplacement exact avant l'heure de sa mort. Il a été trouvé mort en territoire de Gaza. Je doute qu'il ait été tué là -bas."
Je le regarde avec insistance.
Ses yeux s'Ă©largissent avec une confusion feinte. "Pourquoi tu me regardes comme ça ? Tu sais que les flics ont saisi tous ses effets personnels. C'est probablement enfermĂ© dans une salle de preuves quelque part." Il se dĂ©cale sur le cĂ´tĂ©. "En plus, je sais que tu as des connexions du cĂ´tĂ© sud avec des liens Ă ses opĂ©rations. Peut-Ăªtre qu'ils savent quelque chose."
L'irritation me pique Ă nouveau. "Ce sont eux qui ne veulent pas parler, mĂªme avec un pot-de-vin substantiel."
Calum hausse les sourcils. "L'argent ne vaut pas grand-chose avec la gorge tranchée."
Je fais glisser un dossier, l'ouvrant et examinant la photo de Torin serrant la main d'un politicien. "J'ai remarquĂ© que Torin est très... impliquĂ© pour un directeur des opĂ©rations. La plupart des gens Ă son poste ont d'autres personnes pour gĂ©rer les dĂ©tails pendant qu'ils supervisent. Mais Torin est sur le terrain." Je feuillette le dossier. "Il assiste Ă des Å“uvres de charitĂ©, des collectes de fonds, des sommets d'entreprise. Il fait mĂªme quelques apparitions locales."
Un regard pensif fronce les sourcils de Calum. « Et Orian alors ? »
« Le PDG le plus insaisissable et timide devant les caméras qu’on ait jamais vu. » Je ferme le dossier. « Il n’assiste qu’aux réunions les plus impératives et aux assemblées transitoires cruciales. Quelques conférences de presse de haut niveau lorsqu’il annonce une grande initiative commerciale. » Je lève le dossier. « J’ai une abondance d’informations sur Torin. »
Je le laisse tomber sur la table, le remplaçant par un dossier pathétiquement mince. « Tout ce que j’ai sur Orian, ce sont des articles génériques, faisant l’éloge de Zenith pour leur nouvelle initiative écologique et leur fondation sur— » ma sonnerie me coupe en plein milieu de ma phrase. Je prends mon téléphone, regardant l’appel masqué. Un téléphone jetable.
Un sourire se dessine sur mon visage. « On dirait que quelqu’un a mordu à l’hameçon. »
Le lendemain, je rencontre l’une de mes sources confidentielles. Ernesto Warez. Un gangster, mais un type solide. Chaque information qu’il m’a donnée a toujours été de l’or.
Je me tiens au bout de la jetĂ©e, surplombant l’eau calme. Un petit sac de sport Ă la main. Des pas lourds rĂ©sonnent vers moi, prĂ©cipitĂ©s et anxieux. Ernesto s’approche de mon flanc, se frottant le nez avec son doigt. Il me jette un coup d’œil de cĂ´tĂ©, me scrutant rapidement.
« T’as ce qui m’appartient ? »
« Ne m’insulte pas, » je dis légèrement. « Tu sais comment ça marche. »
« J’ai entendu dire qu’un gros coup se prépare, » dit-il, allant droit au but. « J’ai des amis proches qui sont des hauts placés dans le cartel de Gaza. On se connaît depuis longtemps. Le truc, c’est que Gaza est furieux. Il n’a rien à voir avec ce chat de rue mort. Mais il est dans le coup avec le punk et son patron aussi. »
Je le regarde. « Orian Moon ? »
« Gaza arrive sur son yacht, sa forteresse portable. Il ne voyage d’aucune autre manière. Il vit pratiquement là -bas. Une grande rencontre se prépare. Cette arrestation a attiré une attention indésirable sur Gaza, sapant aussi le leadership de Monsieur Moon. Donc le PDG veut négocier une nouvelle alliance et faire amende honorable. Collaborer pour traquer l’idiot qui l’a réellement abattu, en le piégeant en planquant les drogues de Gaza dans son coffre pour exposer leur... connexion. »
C’est Ă©norme. Mon adrĂ©naline monte en flèche. « MĂªme s’il Ă©tait corrompu, risquerait-il de se montrer ainsi ? Il est intouchable parce qu’il n’a jamais Ă©tĂ© vu, nulle part liĂ© au crime. »
« Exactement. » Il enfonce ses mains dans les poches de son jean ample. « Ce petit imbroglio l’a forcé à agir. C’est soit faire amende honorable, soit perdre un bon fournisseur, en perdant aussi le pourcentage de profit qu’il obtenait pour le trafic de ses cargaisons. »
Je secoue la tĂªte, incrĂ©dule. Bien que cela ait du sens. « Tu es sĂ»r de ça ? Que les renseignements de ton pote sont solides ? »
Il me ricane au nez. « Ne m’insulte pas, » cite-t-il, mimant mal ma voix. « J’ai tenu ma part du marché, señorita. »
« Quand a lieu la rencontre ? »
« Le yacht de Gaza arrive demain soir. »
« Lieu de la rencontre ? »
« Inconnu. » Il roule des épaules. « Mais je peux te l’obtenir. »
Je tends le bras, laissant tomber le sac Ă ses pieds. Je lui fais un clin d’œil, me tournant pour m’éloigner.
« Sabes que estas loco, » dit-il dans mon dos. « Mais j’ai un faible pour les fous. Et en allant après Gaza ou qui que ce soit que tu vises. Tu vas te retrouver du mauvais côté d’un cercueil. »
Je souris pour moi-mĂªme. « C’est ce qu’on me dit. »